Publié le 01/06/2015

Article n°103 – Novembre/Décembre 2007, de Bob DeWaay, depuis le site internet : Critical Issue Commentaries (CIC). L’original peut être consulté en Anglais à l’adresse suivante : http://cicministry.org/commentary/issue103.htm

Traduction française émanant du «Blog de réflexion chrétien», https://reflexionsjesus.wordpress.com/, 31/05/2015. Reproduit avec autorisation.

Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des résidents temporaires; vous êtes au contraire concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. (Ephésiens 2:19-20)

 

Cet article propose un examen de la notion d’apôtre tout au long de l’histoire de l’église. J’y montrerai que l’idée restaurationiste de la Pluie de l’Arrière Saison [Latter Rain] qui supporte la Nouvelle Réforme Apostolique / NRA, [New Apostolic Reformation / NAR] n’est pas biblique. Pour commencer nous verrons comment l’église primitive voyait le concept d’apôtres. Nous examinerons ensuite les enseignements de l’église catholique romaine sur l’autorité apostolique. Sur cette base nous investiguerons les idées de la vie nouvelle mystique du XVIIe siècle intégrée au mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison, et de nos jours à la NRA.

En 1996, lors d’une conférence de C. Peter Wagner, à l’école de théologie Fuller, un mouvement que Wagner avait précédemment appelé «post-dénominationnel» devint la Nouvelle Réforme Apostolique.[1] En dehors de Wagner, une autre personnalité notable du mouvement est Bill Hamon, qui est entièrement soutenue par Wagner. Hamon est important, comme nous le verrons, parce que son ministère débuta au début des années 1950, peu après la naissance du mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison.

Comment l’église primitive comprenait la notion d’apôtre

En 97 ap. J.-C., Clément de Rome écrivit une épître à l’église de Corinthe. Cette épître donne des preuves solides sur le fait que l’église primitive ne croyait pas que les apôtres aient des successeurs, ou que des nouveaux apôtres soient nécessaires pour donner des directives à l’Eglise. La question débattue concernait le fait que certains membres de l’église de Corinthe remettaient en question l’autorité du groupe d’anciens légitimement constitué. Clément écrivit pour les reprendre. Le témoignage de Clément est notable, du fait qu’il s’agit très certainement du Clément mentionné en Philippiens 4:3, que Paul désignait comme un «collaborateur». Clément mentionne l’Apôtre dans ce passage :

Les apôtres nous ont prêché l’Évangile de la part de notre Seigneur Jésus-Christ, et Jésus-Christ de la part de Dieu. Dieu a envoyé Jésus-Christ, et Jésus-Christ les apôtres ; tout ici s’est passé régulièrement d’après la volonté du Seigneur. La mission donnée, les apôtres déjà persuadés par le miracle de la résurrection de Jésus-Christ, affermis depuis dans la foi par le Verbe lui-même, pleins des dons de l’Esprit saint, et par là au-dessus de toute crainte, sortirent du Cénacle annonçant l’approche du royaume de Dieu. Lorsqu’ils annoncèrent la vérité dans les villes et les provinces, ils éprouvèrent les premiers convertis, à la faveur des lumières du Saint-Esprit, et les établirent évêques ou diacres sur ceux qui devaient croire.[2]

Bien que l’église catholique romaine soutienne que Clément soit un Apôtre succédant à Pierre, Clément lui-même ne se donnait pas un tel titre et ne reconnaissait aucun apôtre si ce n’est les vrais apôtres, c’est-à-dire ceux que Christ a établi personnellement. Ce que nous apprenons avec Clément est que les apôtres ont établi des surveillants et des anciens (un seul et même groupe), et que ceux-ci étaient les autorités dans les églises locales. L’apôtre Paul avait donné des instructions sur les qualifications et le rôle des anciens (Actes 20:28-31; Tite 1:5-9; 1Timothée 3:1-7) et demandait à ce que ce système soit entretenu (2Timothée 2:2). Clément en arrive à cet aspect :

Les apôtres, éclairés par Jésus-Christ, ont connu qu’un jour des disputes s’élèveraient dans son Église, au sujet de l’épiscopat [episkopos]; et voilà pourquoi, d’après cette connaissance certaine qu’ils avaient reçue d’avance, ils ont établi ceux dont nous avons parlé plus haut, et ont déterminé un ordre de succession ; ils ont voulu qu’après leur mort le ministère et les fonctions qu’ils exerçaient passassent à des hommes éprouvés. Les prêtres [presbuteros] établis par les apôtres et ceux qui furent choisis depuis par des hommes recommandables avec l’assentiment et l’approbation de toute l’Église, et qui gouvernèrent le troupeau de Jésus-Christ avec une humilité, une modération, une noblesse qui leur a concilié l’estime générale, ces hommes, tel est mon sentiment, ne peuvent sans injustice être exclus de leurs fonctions. Nous-mêmes nous ne pourrions, sans nous rendre très-coupables devant Dieu, déposer de l’épiscopat [episkopos] des hommes dont la conduite fut sainte et irréprochable dans l’exercice de leur ministère. Heureux les prêtres [presbuteros] qui, parvenus au terme de la carrière, trouvent dans une sainte mort la récompense d’une sainte vie ! Ils ne craignent plus de se voir enlever la place qui leur était destinée.[3]

Clément n’avait pas invoqué l’autorité apostolique pour intervenir, il renvoyait plutôt aux anciens qui étaient établis sur la base du standard biblique émanant des apôtres. Il est notable qu’il ait utilisé les mots «épiscopat» et «anciens» [traduit ci-dessus par «prêtres»] pour désigner de manière équivalente les mêmes personnes. En effet, peu après, l’église institua des «évêques» sur des villes (évêque monarque), ce qui fut une innovation que les apôtres bibliques n’avaient pas agréée. Toutefois Clément, qui fut vraisemblablement un collaborateur de Paul, utilisait le mot grec episkopos (évêques, littéralement : surveillant, S21) et presbuteros (anciens, S21) pour décrire le même groupe de personne. Ceci est précisément ce que Paul fit en Actes 20:17,28 lorsqu’il désignait les anciens globalement en les qualifiant «d’évêques ».

Dès 97 ap. J.-C., les autorités de l’église n’étaient pas les apôtres ou prophètes, mais les anciens qui étaient institués selon les standards établis par les apôtres. Ceux qui prétendent que Dieu avait prévu qu’il y aient toujours des apôtres dans l’église, qui puissent délivrer une révélation faisant autorité, ignorent le fait que les apôtres eux-mêmes n’avais jamais anticipé le fait qu’il auraient des successeurs et n’avaient donné aucune instruction pour les qualifications de tels successeurs. Par contre, ils établirent des qualifications pour les anciens, qui seraient appliquées par les générations futures. Malheureusement, le fait qu’il n’y a pas de qualifications pour les apôtres (autres que ceux qui ont vu le Seigneur ressuscité et qui ont été institué par lui ; qualifications que les apôtres de la NRA ignorent ou rejettent) a ouvert la porte à une prolifération d’apôtres dans le monde entier. D’ailleurs, beaucoup de ceux qui prétendent avoir un statu apostolique, n’ont parfois même pas les qualifications nécessaires pour être ancien dans une église locale.

Les apôtres selon l’église catholique romaine

Alors que l’histoire de l’église évoluait, la compréhension de l’autorité de l’église comme vue au temps de Clément de Rome disparut très rapidement au profil des évêques monarques et évolua vers la suprématie non biblique de l’évêque de Rome. Cette idée conduisit finalement à la Papauté. Plus tard dans l’histoire de l’église, avec une ironie incroyable, l’église catholique romaine déclara que Clément était le successeur de Pierre et qu’il avait un statu apostolique. Cela travestit les propos de Clément lui-même qui n’enseignait pas une telle chose.

L’innovation catholique romaine enleva le statu des apôtres bibliques en tant que fondation de l’église[4] et la remplaça par une succession d’apôtres qui prétendaient pouvoir donner des révélations ayant autorité à l’église. Voici comment l’église catholique romaine défend sa propre position :

Nous enseignons et définissons qu’il s’agit d’un dogme révélé divinement que lorsque le pontife romain parle ex cathedra, lorsqu’en tant que pasteur et docteur de tous les chrétiens, par la vertu de sa suprême autorité apostolique, celui-ci définit une doctrine touchant à la foi ou la morale qui doit être appliquée par l’église universelle, par l’assistance divine qui lui a été promise par Saint Pierre, étant doté de l’infaillibilité avec laquelle le divin rédempteur voulu que son église soit dotée en doctrines fondamentales regardant la foi et la morale, de telles définitions faites par le pontife romain, sont en elles-mêmes et non par le consentement de l’église, irréformables. (Catholic Encyclopédia)[5]

C’est ironique que C. Peter Wagner revendique le fait qu’il faille restaurer les apôtres alors qu’il y a déjà eut des prétendants à la fonction d’apôtre sur plus de 1000 ans. Wagner reconnaît ceci :

[…] dans certaines subdivisions de l’Eglise la fonction d’apôtre a en fait été reconnue au travers des deux dernières millénaires. L’église catholique romaine, les anglicans, ou l’église épiscopale et plusieurs autres dénominations qui ont intégré le mot « apostolique » dans leur nom, viennent à l’esprit en tant qu’exemple. Cependant, alors que c’était le cas des mouvements prophétiques, l’emphase du mouvement apostolique n’a pas pénétré ce que j’appelle la plupart des églises évangéliques donneuse de vie qui sont au premier plan en ce qui concerne la diffusion du christianisme. Ceci commença seulement à arriver dans les années 1990.[6]

Ainsi, en ce qui concerne de promouvoir des apôtres, Wagner ne considère pas l’église catholique romaine comme coupables d’innovations non-bibliques comme Luther et les autres réformateurs le maintenaient, mais plutôt comme dans un rôle de modèle positif pour les évangéliques. Sa nouvelle «réforme» dit compter plusieurs milliers d’apôtres et prophètes. Au moins, Rome donne une forme de règne à ses apôtres qu’ils ne peuvent consommer qu’un à la fois en ne parlant « ex cathedra » qu’occasionnellement. Par contre les nouveaux apôtres déclarent de nouvelles révélations de Dieu continuellement.

La réforme enseigne « les écritures seules »

La réforme a rejeté à juste titre l’autorité du pape et les traditions de l’église et est retournée à « l’écriture seule ». Ceci fut un retour à la véritable fondation de l’église, aux apôtres et prophètes bibliques qui nous parlent aux travers des Ecritures. Cela signifie que les décrets des hommes durant l’histoire de l’église ne lient aucun croyant sauf si ces décrets constituent des implications et applications effectives de l’Ecriture. Cela fait ressortir un sujet important déjà mentionné dans un précédent article CIC : Dieu ne nous amène qu’à ce qui est inhérent et infaillible.[7] La parole des hommes qui comporte des erreurs et qui manque des qualités des écritures inspirées ne peut régir nos vies de croyants. Ceci était le point clé de la réforme. La parole des Papes n’a pas cette qualité, ni celles des apôtres et prophètes des derniers jours.

Les prophéties de la mystique du XVIIe siècle Jane Leade, sur une église d’élite qui viendra

Un des problèmes qui accompagna la réforme était la présence «d’enthousiastes» qui prétendaient avoir des révélations directes de Dieu. Les réformateurs ont généralement condamné de telles personnes et mouvements, mais ce n’est pas ce qui les empêcha de gagner des adeptes. Une telle personne, la mystique anglaise Jane Leade fit parler d’elle un siècle après la réforme et continue d’avoir des partisans de nos jours. Ses écrits sont mis à disposition sur internet par des personnes affiliées aux apôtres et prophètes des derniers jours. Elle soutient une théorie où les sept églises de l’Apocalypse représentent sept étapes successives de l’histoire de l’Eglise. Il y a des personnes qui de nos jours enseignent encore cette théorie. Le problème c’est qu’il n’y a rien dans l’Apocalypse qui indique que Jean ait voulu que ces lecteurs comprennent les choses ainsi. Ceci est un cas classique du lecteur qui définit la signification de la Bible plutôt que l’auteur inspiré par l’Esprit.

Leade était particulièrement intéressée par l’église de Philadelphie du fait que Christ ne trouvait aucun défaut en elle. Leade fut impliquée dans un mouvement appelé « la société Philadelphienne », nommé ainsi d’après cette église. En 1679, la société philadelphienne et les théosophes publièrent un document contenant une prophétie de Jane Leade en 60 points, (le document porte son nom, orthographié Lead).[8] Le document propose des idées qui réapparurent en 1948 dans le mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison, et comme nous le verrons, qui sont toujours promues par un apôtre-prophète important de la Nouvelle Réforme Apostolique.

Les premiers points de la prophétie concernent des mystères scellés qui ne seraient révélés qu’à de « dignes chercheurs ». Elle affirmait qu’il y avait une Arche du témoignage dans les cieux contenant de nouvelles révélations qui serait ouverte durant l’âge de l’église. Elle écrivit au point 8, «La présence de cette arche divine, fondera l’église philadelphienne, et où qu’elle se trouve, l’arche sera nécessairement avec.» Ainsi le groupe s’appelait la « société philadelphienne » qui publia Theosophical Transactions. Elle prophétisa plus loin la venue d’une église d’élite qui serait au-delà de tout ce qui s’était déjà vu. En fait cette église serait une « vierge » qui donnera naissance à un « fils » mentionné en Apocalypse 12:5 :

  1. De la lignée de DAVID, une église vierge, qui n’a connu aucun homme ou de constitution humaine, doit encore naître. 15. Si elle doit encore naître, cela nécessitera encore un temps considérable avant qu’elle sorte de sa minorité et qu’elle arrive à un âge de pleine maturité. 16. La naissance de l’église vierge a été manifestée en vision à St. Jean par le grand miracle des cieux, alors qu’elle enfantait son premier né, qui fut ravi vers le trône de Dieu. 17. A l’instar d’une vierge qui enfantât CHRIST selon la chair, de la même manière une vierge a été préparée par Dieu, pour donner naissance à un PREMIER NE selon l’Esprit, qui sera rempli du Saint-Esprit et de puissance. 18. La VIERGE dont on parle ici, doit être d’un esprit pur, d’un corps NETTOYE et entièrement imprégnée du Saint-Esprit. 19. Cette église née et marquée du sceau de la nature divine, sera dotée de DONS ET DE PUISSANCE MIRACULEUX, au-delà de ce qui a déjà été vu […] 23. Cette église catholique et ointe doit être parfaitement sainte, comme CHRIST lui-même est saint ; de telle manière qu’elle porte dignement le nom du Seigneur notre sainteté, et du Seigneur notre justice. 24. Jusqu’à ce qu’une telle église s’établisse effectivement sur la terre, sainte, catholique et ointe, sans tache ni ride et intronisée comme une épouse allant à la rencontre de son époux, CHRIST ne descendra pas personnellement pour diriger la cérémonie officielle de mariage, et l’annoncer au Père.[9]

Cette prophétie d’une église rendue parfaite (appelé plus tard «l’enfant mâle multi-membres»[10]) qui sera l’incarnation du Christ sur la terre tandis que Christ demeurera au ciel ouvre la voie au mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison du XXe siècle qui fera état des mêmes idées. Que ce mouvement ait hérité ses idées de Leade ou en soit venu à la même hérésie indépendamment, je ne puis le dire pour l’instant. Néanmoins, les idées sont identiques. L’église doit être rendue parfaite sur la terre avant que le Christ puisse revenir et cela doit être accompagné par des miracles et de la puissance supérieure à tout ce qui s’est vu durant l’histoire de l’église, y compris à la Pentecôte.

La Pluie de l’Arrière Saison : l’élitisme des cinq ministères

Au début du XXe siècle, un homme du nom de David Wesley Myland utilisa le terme «Pluie de l’Arrière Saison» pour décrire le renouveau pentecôtiste qui se déroulait. Il allégorisait Joël 2:23 qui parle de Dieu bénissant la récolte agricole en Israël pour créer une théorie de l’histoire de l’église. Dans les cycles agricoles d’Israël, il y avait les pluies de printemps (la pluie de début de saison) et les pluies d’automne (la pluie de l’arrière saison). Myland utilisa cette terminologie et l’appliqua à la Pentecôte mentionnée en Actes (la pluie de début de saison) et celle qu’il disait revenir à Azusa Street et ailleurs (la pluie de l’arrière saison). L’idée centrale de ces premiers pentecôtistes était que le don des langues était restauré au sein de l’église et allait être la source d’une grande puissance permettant d’évangéliser le monde. Mais le mouvement pentecôtiste était jonché d’aberrations qui bientôt apparurent, telles la doctrine de l’unicité qui niait la Trinité. La pensée des premiers pentecôtistes inspirés par la «Pluie de l’Arrière Saison» fut que Dieu était en train de restaurer la puissance apostolique de l’Eglise primitive.

Ceux qui voulaient maintenir une théologie évangélique traditionnelle en incluant néanmoins l’idée que le don des langues était un signe du baptême du Saint-Esprit se réunirent dans des groupes tels que les Assemblées de Dieu. Par contre les Assemblées de Dieu ont rejeté les idées de la Pluie de l’Arrière Saison et s’en sont tenues à l’eschatologie pré-millénariste traditionnelle propre à de nombreux évangéliques.

Dans les années 1930, un homme du nom de William Branham commença à prêcher et à présenter des manifestations surnaturelles. George Hawtin et P. G. Hunt entendirent Branham parler à Vancouver et apportèrent ses idées à North Battleford, en Saskatchewan, où le réveil de la «Pluie de l’Arrière Saison» qui devint le Nouvel Ordre de la Pluie de l’Arrière Saison (NOPAS), commença effectivement. Un livre clé qui circulait à l’époque était Atomic Power with God Through Prayer and Fasting de Franklin Hall. Une idée clé qui persiste aujourd’hui est que Dieu est continuellement désireux de faire de grands et puissants miracles par l’Eglise, mais est incapable de le faire parce que l’église n’est pas devenue suffisamment sainte, ne le souhaite pas vraiment, a échoué de diverses façon, ou manque de la foi nécessaire pour faire venir ces miracles. La Pluie de l’Arrière Saison a toujours été fondée sur des idées élitistes telles celles de Jane Leade déjà citée. Leurs promoteurs considèrent les églises ordinaires comme des échecs misérables que Dieu ne peut utiliser.

En 1951, George Warnock écrivit un livre qui est devenu l’une des plus notables formulations des idées du NOPAS, The Feast of Tabernacles. Le livre est basé sur une interprétation allégorique des fêtes d’Israël qui relie la Fête des Tabernacles à une glorieuse église de la fin des temps qui s’élèvera avant que Jésus-Christ ne puisse revenir. Le livre entier peut être lu sur internet, puisqu’il est mis en ligne par les défenseurs actuels de la théologie de la Pluie de l’Arrière Saison. Warnock affirme une prémisse clé qui sous-tend la théologie de la Pluie de l’Arrière Saison ainsi que celle de la Nouvelle Réforme Apostolique : «Combien sommes-nous reconnaissants, donc, du fait que Dieu soit en train de révéler son plan parfait. Les dons de l’Ascension, les ministères dans le Corps du Christ, (ce sont les moyens de perfectionner les saints), et comme nous l’avons lu, ils doivent rester dans l’Eglise jusqu’à ce que nous parvenions tous vers l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, jusqu’à une stature d’homme parfait! » Les « dons de l’Ascension » sont une référence aux soi-disant « cinq ministères » d’Ephésiens 4:11. L’idée est que l’église sera perfectionnée par le renouvellement des ministères d’apôtres et de prophètes avant le retour du Christ.

Warnock, comme Myland, ont allégorisé les pluies en Israël en vue de pouvoir créer un schéma de l’histoire de l’église :

La prophétie de Joël, donc, concerne la Pentecôte (mais elle se poursuit pour couvrir la plénitude de la Pentecôte, même la Fête des Tabernacles. Dieu a donné la première pluie modérément) de l’aire pentecôtiste s’étendant de l’Église primitive jusqu’à maintenant. Mais il s’agit d’une chose très inhabituelle. Très exactement dans le «premier mois» de l’année agricole […] Dieu a promis de faire quelque chose d’assez inhabituel; car il donnera, non seulement la première pluie qui se rapporte à ce mois, mais il donnera la première pluie et la dernière pluie combinées!»[11]

Ici, il a interprété le texte pour dire que la Pluie de l’Arrière Saison se caractériserait par une puissance et une gloire bien plus glorieuses que nous avions vu dans le livre des actes. De cette façon, Warnock établi une assise aux impressionnantes déclarations faites par les apôtres et prophètes de notre temps. Cela n’est pas inexact de dire qu’il n’y a pas de déclarations plus impressionnantes que d’affirmer que les apôtres des dernières jours ne réussiront pas. Nous démontrerons cela lorsque nous examinerons les écrits d’un de leur haut dirigeant.

Warnock a aussi déclaré, comme Jane Leade, que Jésus restait au ciel jusqu’à ce que l’église ait intégré un statu d’élite jamais vu auparavant dans l’histoire de l’église, incluant l’ère biblique :

O l’immensité de ces mots ! Et de plus, Christ restera là ou il se trouve, à la droite de Dieu jusqu’à ce qu’émerge un groupe de vainqueurs qui défera tous les ennemis de Dieu […] Or la majorité des Chrétiens s’attendent à un enlèvement à tout instant, où le Christ vient à la rencontre d’une église misérable, défaite et gouvernée pas les maladies.

Notez que les chrétiens ordinaires, dans cette vision élitiste, sont « misérables, défaits et gouvernés pas les maladies. » Nous ne sommes apparemment pas dignes pour le retour de Christ et pour qu’il vienne à notre rencontre dans les airs. Certaines idées de la société Philadelphienne sont évidentes ici. Plutôt que de s’attendre au retour de Christ comme « l’espérance bénie » de l’église, les élitistes de Leade à Warnock, et comme nous le verront de la Nouvelle Réforme Apostolique, s’attendent à ce que l’église devienne la nouvelle « incarnation » de Christ, avec Christ étant encore « retenu aux cieux ». L’espérance de l’église est de ce fait, devenue ironiquement l’église elle-même.

Un des enseignements les plus hérétiques associé au NOPAS était appelé « les fils manifestés de Dieu » qui soutient que certains chrétiens d’élite obtiendraient la promesse de l’immortalité (telle que promise en Romains 8:19) maintenant plutôt qu’à la parousie. Warnock enseignait que tous les ennemis, parmi lesquels il incluait la mort, le « dernier ennemi », devait avoir été conquis par l’église avant que Christ puisse revenir : « Dieu dit que Christ restera, là ou il se trouve jusqu’à ce que tous Ses ennemis soient sous ses pieds. Ces ennemis incluent le « dernier ennemi », à savoir la mort. Un groupe de vainqueurs doit s’élever, qui conquerra et deviendra complètement victorieux sur toutes les forces d’opposition du monde, la chair et le diable ; avant que cette dispensation ne touche à sa fin. »[12] Les « vainqueurs » est un autre terme de la Pluie de l’Arrière Saison pour décrire des chrétiens élitistes qui doivent être distingués du reste d’entre nous. Ceci est dit nonobstant le fait que le verset suivant s’applique à tous les chrétiens : « puisque tout ce qui est né de Dieu remporte la victoire contre le monde, et la victoire qui a triomphé du monde, c’est votre foi.» (1Jean 5:4)

Une des inepties des mouvements de la Pluie de l’Arrière Saison et de la Nouvelle Réforme Apostolique (ce dernier étant à peu de chose près une version actuelle du premier, comme je le démontrerai) est qu’ils s’attachent à un scénario de la « restauration » dans lequel Dieu supposément, restore les vérités perdues durant l’histoire de l’église. Celles-ci se voient maintenant restaurées depuis la réforme. En revanche, très ironiquement, les enseignants du NOPAS, et de la NRA, se contredisent constamment et rejettent d’importantes doctrines de la Réforme. Ils se réclament de la Réforme, mais la rejette en même temps. Par exemple, la Réforme enseignait la prêtrise de chaque croyant, mais George Warnock du NOPAS enseignait une prêtrise de « Melchisédech » qui ne s’applique qu’à certains :

La prêtrise de Melchisédech est une prêtrise à vie et relève d’une gloire qui ne se ternit pas. Il s’agit d’une prêtrise basée sur une communion éternelle avec Christ, non comme la prêtrise d’Aaron qui expérimenta la présence de Dieu seulement à certaines occasions, une fois par an […] Dans la plénitude de cette nouvelle prêtrise nous devons être entièrement glorifiés, à l’image de christ. Toutefois, à l’instar de Christ qui débuta sa prêtrise sur terre en intercédant pour ses frères, commençons dès à présent à entrer en possession de ce glorieux héritage dans l’Esprit : le royaume de Dieu en nous.

Ceci ne s’applique, d’après Warnock, qu’aux saints des derniers jours qui auront atteint ce statu et qui opéreront durant la grande tribulation et ainsi la raccourciront. Les saints des générations précédentes n’ont jamais eut un tel statu.

William Branham, déjà mentionné, est devenu une figure importante du mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison et est encore révéré par plusieurs. On dit, qu’à des milliers d’occasions, il a pu donner une information détaillée sur de gens au sujet desquels il n’avait aucun moyen naturel de connaissance. Interprétant cette faculté comme étant des « paroles de connaissance » (1Corinthiens 12), ses disciples étaient convaincus qu’il s’agissait d’un signe du fait qu’il était un grand prophète de Dieu. Branham prétendait disposer d’un ange personnel qui l’enseignait et lui donnait des révélations. Il disait que cet ange lui avait dit qu’il était l’Elie qui devait venir avant le retour du Christ. Il a aussi prétendu être le messager de l’église de Laodicée. Il est enterré sous une pyramide qui porte cette revendication.[13] Branham rejetait la doctrine de la trinité. Branham démontra une chose de manière concluante : que les mouvements de restauration tels celui de la Pluie de l’Arrière Saison, font tant désirer des prophètes capables de faire des signes et des miracles que leurs membres sont prêts à accepter n’importe quelle hérésie ou déclarations outrancière, du moment que cela est accompagné de signes et de miracles.

De la Pluie de l’Arrière Saison à la NRA

Ern Baxter fur l’assistant personnel de William Branham durant plusieurs années. Lorsque le Renouveau Charismatique advint peu après la mort de Branham, Baxter devint un des dirigeants principaux de ce mouvement. Il rejoignit finalement Bob Mumford, Charles Simpson, Derek Prince et Don Basham pour devenir « les cinq de Fort Lauderdale » qui publièrent New Wine magazine. Ils devinrent connus pour le mouvement controversé de la couverture spirituelle [Shepherding movement]. En se basant sur le fait que Dieu parle actuellement aux gens au travers de révélations extra bibliques et que certaines personnes sont plus avancées que d’autres pour « être à l’écoute de Dieu », ils démarrèrent un mouvement hiérarchique dans lequel les bergers « étaient à l’écoute de Dieu » pour recevoir les instructions destinées à ceux en-dessous d’eux, et ainsi de suite jusqu’en bas de la pyramide.

Je fus moi-même impliqué dans ce mouvement à la fin des années 1970. L’idée maîtresse était que l’autorité venait du fait « d’être à l’écoute de Dieu ». Par définition, le dirigeant du groupe dans lequel j’étais impliqué (un homme du nom de Jack Winter) « étais à l’écoute de Dieu ». Il vint armé d’un grenier plein d’histoires miraculeuses de direction qu’il répétait pour convaincre les gens que pour ce qui était d’être à l’écoute de Dieu, il demeurait insurpassé. Sous lui il y avait des bergers qui étaient à l’écoute de Dieu en faveur de ceux en-dessous d’eux. Tout ce que nous faisions l’était sous l’examen attentif des Bergers supérieurs. Ceci incluait toute décision, depuis avec qui se marier, jusqu’à des décisions mondaines comme partir en voyage. Bien que nos héros sur le plan national soient Baxter, Mumford, et compagnie, nous n’avions pas besoin d’aller plus haut que Jack Winter pour notre ultime approbation divine. S’il s’avérait y avoir un sujet de grief par rapport à cet arrangement, Winter serrait venu en ville, et aurait prêché un sermon sur la « rébellion de Koré » ayant pour application que Winter était « Moïse » et que toute personne en désaccord avec lui était Koré. J’ai personnellement entendu ce sermon plus d’une fois.

Le mouvement de la couverture spirituelle en général et notre version locale en particulier, se désintégrèrent au début des années 1980. Le mouvement de la couverture spirituelle, comme celui de la Pluie de l’Arrière Saison avant lui, furent discrédités. Néanmoins ceux qui croyaient dans les paradigmes fondamentaux d’une église apostolique restaurée, possédant plus de pouvoir que l’église des Actes, n’abandonnèrent pas leurs croyances. De leur point de vue, ce n’était qu’une question de temps avant qu’une église d’élite des temps de la fin ne s’élève et ne défasse tous les ennemis de Dieu. Ils se désolidarisèrent des échecs des mouvements précédents du fait que certains dirigeants se retirèrent, mais eux-mêmes gardaient le rêve vivant.

Les idées de la Pluie de l’Arrière Saison intègrent la NRA

Bill Hamon est né en 1934, et selon son livre, Apostles, Prophets, and the Coming Moves of God, il entra dans le ministère en tant qu’adolescent : « A l’âge de Dix-huit ans, je naissais dans le l’enseignement de la restauration, selon lequel il y a encore de nos jours des apôtres et des prophètes dans l’église. Je fus ordonné et démarrais un ministère de pasteur lorsque j’eus 18 ans. »[14] Cela signifie qu’il était dans le mouvement de la restauration et commença son ministère juste après que Warnock publie The Feast of Tabernacles. Ses déclarations, comme nous le verrons, sont quasiment identiques à celles de Warnock. Il a, de la même manière allégorisé Agée 2:9 pour prouver que l’église de la fin des temps sera plus glorieuse que celle d’Actes.[15]

Hamon fut impliqué dans la Nouvelle Réforme Apostolique de Peter Wagner, dès son commencement :

Le symposium national sur l’église Post-Dénominationnelle convoqué par le Dr. C. Peter Wagner à l’école de théologie Fuller, le 21-23 mai 1996, fut une occasion historique dans les annales divines de l’histoire de l’église. Il fut orchestré prophétiquement par le Saint Esprit pour accomplir le plan progressif de Dieu d’amener l’église dans sa destinée ultime […] Le consensus des membres présidents fut qu’il y a toujours eu des apôtres et des prophètes dans l’Eglise, et qu’il y a un mouvement apostolique émergent qui révolutionnera l’église du XXIe siècle. L’Eglise de la dernière génération vivra une réforme apostolique qui sera aussi grandiose que le mouvement apostolique de la première génération.[16]

Avec l’aval de Wagner, Hamon amena l’enseignement du mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison dans la NRA. Wagner « recommande hautement » le livre d’Hamon sur les apôtres et les prophètes[17] et écrivit sa préface. Néanmoins le livre d’Hamon reprenait presque chaque thèse du mouvement discrédité de la Pluie de l’Arrière Saison. Par exemple, un des enseignements les plus extrêmes du NOPAS était celui des « fils de Dieu manifestés » ; pourtant Hamon enseigne la même chose simplement en citant une version de la Bible qui le traduit par « la révélation des fils » :

La création entière attend l’église de la dernière génération. La terre et toute la création attendent la manifestation des apôtres et prophètes des derniers jours et d’une Eglise entièrement restaurée. « Car la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu » (Romains 8:19). Lorsque l’église sera pleinement restaurée, alors les saints recevront leur rédemption finale, l’immortalité de leurs corps mortels.[18]

Hamon affirme que cela doit arriver avant le retour du Christ de telle manière que l’église puisse remplir son rôle. Voici une preuve supplémentaire au fait qu’il prétend que des corps incorruptibles seraient reçus avant la Parousie (La seconde venue du Christ) : « La résurrection/transposition des saints qui amènera la rédemption de leurs corps mortels en corps immortels et indestructibles aura lieu de telle sorte que Dieu puisse accomplir Ses desseins grandioses pour et au travers Son Eglise. »[19]

L’hérésie de la Pluie de l’Arrière Saison est renommée et réintroduite

Les différences entre le mouvement de la Pluie de l’Arrière Saison et la Nouvelle Réforme Apostolique ont plus à voir avec la terminologie qu’avec la doctrine. Dans les années 1980, un enseignement circulait dans le milieu de ceux qui prenaient part à des conférences données par certains du mouvement prophétique appelé « une nouvelle race d’homme ». L’idée fondamentale était que les chrétiens ordinaires tout au long de l’histoire de l’église, ont vécu un échec colossal, et que Dieu était sur le point de tomber sur certaines personnes avec Son Saint-Esprit pour les « imprégner » de telle manière qu’ils puissent « donner naissance » à quelque chose d’entièrement nouveau. La « nouvelle race d’homme » aurait été constituée de saints exaltés de sainteté et de puissance inconnue précédemment. Je me rappelle avoir débattu à cette époque avec des gens qui suivait cet enseignement.

Earl Paulk était, dans les années 1980, un dirigeant notable impliqué dans cet enseignement. Bien que discrédité après une série de scandales sexuels qui reviennent d’ailleurs actuellement dans les nouvelles[20], Paul exprimait les idées élitistes du mouvement ainsi :

« Prémices » signifie que plusieurs autres comme lui [Jésus] suivront. Jésus était les prémices de l’incarnation de Dieu, un homme vivant selon la volonté parfaite de Dieu. Maintenant il dit : « Je veux injecter la vie en mettant la graine du Saint-Esprit dans l’Eglise. Mon peuple apportera la vie alors que ses membres deviendront « le verbe incarné » sur la planète Terre. » Je suis sûr que cette définition embête certains théologiens, mais l’Eglise est « l’expression actuelle » de Dieu.[21]

Ainsi l’église imprégnée deviendra « incarnée » comme Christ. Cette idée est exactement celle enseignée par Jane Leade en 1679 comme précédemment citée et aussi exprimée par les enseignants de la Pluie de l’Arrière Saison. Paulk ré-exprima cette idée ainsi : « Le grand acte de Dieu en plaçant en nous le Saint-Esprit est qu’il nous fait devenir l’incarnation de Dieu. »[22]

Bill Hamon inclue l’idée de la « nouvelle race » dans ses enseignements : « La nouvelle race des apôtres de la génération de Josué évoluera dans le miraculeux et ses membres manifesteront nettement les signes des apôtres »[23] La « génération Josué » est une autre allégorie populaire de ce mouvement. La traversée du Jourdain par Israël vers le pays promis est allégorisé pour signifier le triomphe de l’église sur tous ses ennemis afin de prendre le pays, « tout lieu que foulera la plante de votre pied» disent-ils. La « nouvelle race » signifie que ses membres n’appartiennent pas au même ordre d’humains que les autres chrétiens qui ont déjà existés. Hamon déclare en plus : « Il est adéquat de dire ici que la nouvelle race d’apôtres sera motivée par l’Esprit de Sagesse. »[24] L’Esprit de sagesse en Esaïe 11:2 est à différencier de Christ lui-même. La NRA allègue que Christ vient DANS l’église est non pas POUR son église. Hamon prétend que lui-même est l’un des derniers apôtres, de la « nouvelle race » de Dieu.[25]

Plus tôt, William Branham prétendait être Elie qui viendrait (Matthieu 17:11). Mais Branham mourut et toutes choses ne furent pas restaurées. Aujourd’hui Hamon a modifié cette déclaration pour couvrir ce qu’il appelle « la compagnie d’Elie » : « Mais il y aura encore un accomplissement à venir lorsque Elie viendra pour préparer le chemin pour la seconde venue de Christ. A ce moment ce ne sera pas seulement un prophète, mais une grande compagnie de prophètes qui ne préparera pas seulement le chemin et rendra prêt les gens, mais qui RESTAURERA TOUTES CHOSES. »[26] Cette « restauration » doit advenir, au travers de l’église, avant que Christ ne puisse revenir : « Jésus n’a pas pu quitter la terre avant d’avoir accompli toutes les prophéties messianiques et il ne peut pas revenir sur terre avant que l’Eglise n’accomplisse toutes les écritures sur la restauration.»[27]

Rejetant l’enlèvement avant les tribulations, les enseignants comme Hamon ne croient pas que leur église glorifiée de la fin des temps sera martyrisée par l’antichrist mais défera plutôt le système babylonien des tribulations ! Voici ce qu’il affirme :

Les apôtres et prophètes de la sainte église de Dieu auront un ministère de collaboration entrainant la formidable chute de Babylone la grande. Leur autorité dépassera tout ce que nous avons vu de nos jours […] Comme Moïse et Elie, les apôtres et prophètes de Dieu prévaudront sur tous leurs ennemis jusqu’à la fin.[28]

Pourtant, la Bible dit que Dieu détruira Babylone, elle ne dit pas que c’est l’église qui le fera (Voir Apocalypse 18).

L’hérésie de l’armée de Joël réintroduite

Un des enseignements discrédité du NOPAS était appelé « L’armée de Joël ». Il consiste en ce que Joël 2:1-11 prédit que l’Eglise de la fin des temps sera « L’armée de Joël » qui exécutera les jugements de Dieu sur la terre. C’est là un autre des faux enseignements de la Pluie de l’Arrière Saison que Bill Hamon propage toujours. Son propos est le suivant :

Les saints sont entrainés en ce moment, dans les bases militaires des centres d’entrainement internationaux avec l’arsenal des églises locales. L’objectif est qu’ils soient enseignés, équipés et entrainés sur le terrain pour être des officiers qui guideront l’armée de Dieu des saints évangélistes prophétiques pendant le mouvement des saints à venir. Ils agiront sous la protection et la direction des généraux appartenant aux cinq ministères apostoliques et prophétiques qui les auront entrainés. Ces saints fonctionneront comme l’armée de Dieu décrite prophétiquement par le prophète Joël (Joël 2:1-11).[29]

Il n’y a rien dans Joël 2:1-11 qui indique que cette armée est constituée des chrétiens d’élites des temps de la fin. L’approche allégorique d’Hamon lui permet de lire presque tout dans les Ecritures. Il continue par parler de l’église comme d’une armée de la fin des temps :

La grande armée de Dieu de la fin des temps est préparée pour exécuter les jugements écrits de Dieu en ce qui concerne la victoire et les décrets divins de jugement de Christ qui sont déjà établis dans les cieux. Le temps est fixé pour qu’ils soient administrés et exécutés sur terre par le biais de la sainte armée de Dieu. Tout ce qui est destiné et nécessaire sera mis en place pendant le mouvement de l’armée du Seigneur restaurée par Dieu.[30]

Tout ceci ne tient pas compte du fait évident que les jugements répandus durant la Grande Tribulation tels que décrits dans l’Apocalypse est une effusion directe de la colère de Dieu sur la terre, et non via les actions de l’Eglise. Les « mouvements » qu’Hamon décrit ne se trouvent pas dans la Bible ; il les prophétise de sa propre autorité, sans aucune justification suffisante pour que nous croyions ce qu’il allègue.

L’hérésie du « Royaume Maintenant » réintroduite

Un autre « mouvement « prédit par Hamon, est ce qu’il appelle : « Le mouvement de l’établissement du Royaume »[31] A ce sujet, il fait même des déclarations plus grandioses :

Le mouvement ne cessera pas avant que tout genou et toute langue ne confesse que Jésus est le vrai Seigneur sur toute la terre. Ceci n’implique pas que tous ceux qui font cette confession soient sauvés. Cependant, il y aura dans le monde entier une manifestation de la puissance de Dieu sur les éléments, des gens ressuscités des morts, le contrôle miraculeux de catastrophes naturelles, des paroles prophétiques miraculeuses, des manifestations supranaturelles sans nombre, des signes et des miracles, jusqu’à ce que chacun reconnaisse qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Jésus Christ, le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs.[32]

D’après les enseignants du NOPAS ou de la NRA, le royaume de Dieu est établi par l’église durant l’histoire et avant la parousia. Hamon écrit : « Maintenant commençons à prier ardemment que la domination totale de Son royaume soit établie effectivement sur toutes les nations et peuples de la terre […] Ils prieront et déclareront que c’est le temps pour que soit établi le royaume de Dieu sur toute la terre par l’autorité et le ministère délégué de l’église de Christ.[33]

Les prophéties de la Bible sur la tromperie de la fin des temps

Ayant passé en revue plusieurs déclarations univoques sur une période de plusieurs siècles jusqu’à nos jours, affirmant que des chrétiens d’élite s’élèveront et vaincront la mort avant l’enlèvement, feront des miracles plus grands que dans les récits bibliques, déferont les ennemis de Dieu alors que Christ restera « retenu dans les cieux », deviendront nés de la vierge, une nouvelle race d’hommes, les enfants manifestés, la véritable incarnation de Dieu sur terre, etc., considérons ce que la Bible prédit à propos de la fin des temps. La Bible n’enseigne aucune des ces doctrines hérétiques, basées de manière uniforme sur une allégorisation des Ecritures, mais enseigne plutôt qu’une énorme tromperie au travers de faux signes et miracles caractérisera la fin de temps.

Jésus a dit : « Bien des faux prophètes se lèveront et ils tromperont beaucoup de gens. […] car de faux christs et de faux prophètes se lèveront; ils feront de grands prodiges et des miracles au point de tromper, si c’était possible, même les élus. » (Matthieu 24:11,24) Il ne nous a pas dit de rechercher une « nouvelle race » « d’oints » (christs) mais nous a averti d’éviter leurs tromperies. Paul a prédit des temps périlleux de péché et de mal à la fin des temps ou les gens s’opposeront à la vérité en faisant des signes et des miracles comme les magiciens de Pharaons s’opposèrent à Moïse (2Timothée 3:1-8). Pierre prédit que des faux enseignants s’élèveraient et chercheraient à séduire l’église en nous exploitant par des « paroles trompeuses » (2Pierre 2:1-3). Jean nous a avertis qu’à la dernière heure il y aurait des faux « oints » (antichrists). Paul nous a dit comment les choses s’agenceront : « Que personne ne vous trompe d’aucune manière. Car il faut que l’apostasie arrive d’abord [avant le jour du Seigneur] et qu’apparaisse l’homme de péché, le fils de la perdition, » (2Thessaloniciens 2:3).

De plus, les passages en Apocalypse que les apôtres élitistes de la NRA et du NOPAS s’approprient, n’enseignent pas que l’église triomphera sur le monde au travers de ses propres efforts alors que Jésus sera « retenu dans les cieux ». Leurs interprétations sont fantaisistes et basées sur aucune herméneutique saine. Ils allégorisent la Bible parce qu’il n’y aucune autre manière de trouver leurs idées dans la Bible prise littéralement. Nous devons décider s’il faut croire ce que Jésus, Paul, Jean et Pierre ont dit dans les Ecritures inhérentes ou les prophéties de personnes qui prétendent être des nouveaux apôtres et prophètes alors qu’il contredisent en même temps les enseignements des vrais apôtres et prophètes.

Conclusion

L’histoire de l’église a montré qu’à chaque fois que des nouveaux prétendants au titre d’apôtre sont apparus, des fausses doctrines sont apparues en même temps. De nos jours, les enseignements de beaucoup de telles personnes, comme nous l’avons vu, sont choquants par le caractère extrême de leurs erreurs. Il se trouve que C. Peter Wagner revendique le fait que les Eglises qui s’appellent « apostoliques » selon cette nouvelle signification, font partie du segment de l’église croissant le plus vite de nos jours dans le monde.[34] Peut-être a-t-il raison ; mais si c’est le cas, c’est la preuve d’une grande apostasie de la fin des temps et non d’un réveil comme il le dit.

La seule autorité astreignante dans l’église est celle des Ecritures. Dieu ne nous lie pas à un mélange, à l’erreur, ou à l’inspiration des hommes. Les faux apôtres et prophètes du NOPAS et de la NAR n’ont aucune puissance sur la vraie église de Dieu rachetée par son sang. Les prophètes qui ne sont pas infaillibles n’ont rien d’autre à vendre que de la peur : « Quand ce que dira le prophète n’aura pas lieu et n’arrivera pas, ce sera une parole que l’Eternel n’aura pas dite. C’est par arrogance que le prophète l’aura dite. N’aie pas peur de lui. » (Deutéronome 18:22). Les grandioses déclarations qui s’échelonnent avec Leade, Warnock, Branham, Paulk et Hanon ne sont jamais arrivées, et n’adviendront jamais. Il n’y aura pas de naissance de la vierge, d’enfant mâle multi-membres, de compagnie d’Elie, de nouvelle race d’homme, de nouvelle incarnation de Christ sur la terre, ou aucun autre blasphème de la sorte. Le rôle que ces termes décrivent est celui de l’antichrist. Par contre, le vrai Christ reviendra corporellement prendre son Eglise qui s’avancera à Sa rencontre dans les airs. (1Thessaloniciens 4:17)

Sauf indication contraire, les citations bibliques de la traduction française sont tirées de La Bible version Segond 21, Société Biblique de Genève, 2007.

Notes de fin

[1] Bill Hamon, Apostles Prophets and the Coming Moves of God, Destiny Imagine: Shippensburg, PA, 1997, p. 10.

[2] Clément de Rome, «Première épître de Clément aux Corinthiens», in Les Pères des trois premiers siècles, Traduit par M. de Genoude, Sapia, 1837-1943, Tome 1, p. 131-132.

[3] Ibid., p. 132-133.

[4] Voir l’article CIC n°6, une étude biblique sur cette question. http://www.cicministry.org/commentary/issue66.htm

[5] http://www.newadvent.org/cathen/05677a.htm

a[6] C. Peter Wagner, Apostles and Prophets – The Foundation of the Church, Regal: Ventura, 2000, p. 19, 20.

[7] Voir l’article CIC n°102 : http://www.cicministry.org/commentary/issue102.htm

[8] http://www.passtheword.org/Jane-Lead/60-propositions.htm

[9] Ibid.

[10] Cette terminologie est toujours utilisée : http://latter-rain.com/escha/manchild.htm

[11] Le livre entier de Warnock est accessible ici : http://latter-rain.com/escha/warnock.htm

[12] Ibid.

[13] http://www.letusreason.org/Latrain26.htm

[14] Hamon, p. 120.

[15] Ibid., p. 2.

[16] Ibid., p. 10.

[17] Wagner, p. 20.

[18] Hamon, p. 235.

[19] Ibid., p. 22.

[20] Le 19 Novembre 2007 il fut révélé que le « neveu » de Paulk qui est pasteur d’une église fondée par Paulk est en fait son fils par le biais d’une relation adultère que Paulk eut avec la femme de son frère : www.msnbc.msn.com/id/21888916/

[21] Earl Paulk, Held In The Heavens Until… God’s Strategy for Planet Earth, Atlanta: K Dimension Publishers, 1985, p. 163.

[22] Ibid., p. 227

[23] Hamon, p. 34.

[24] Ibid., p. 39.

[25] Ibid., p. 131.

[26] Ibid., p. 109, 110.

[27] Ibid., p. 110.

[28] Ibid., p. 139.

[29] Ibid., p. 247.

[30] Ibid., p. 252.

[31] Ibid., p. 270.

[32] Ibid., p. 271.

[33] Ibid., p. 277.

[34] http://www.globalharvest.org/index.asp?action=apostref